SAM 2014

SAM

Joseph ANDRAU (1907-1987)


Joseph Andrau

Président d’honneur de la Société des Artistes Méridionaux, Président de l’Association des Ecoles des Beaux-Arts de Province, Membre de la Commission Nationale pour la réforme de l’enseignement Artistique, Directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse de 1949 à 1978, Joseph Andrau, était un exemple d’intégrité, de volonté et de clairvoyance.
Né à Toulouse le 23 mars 1907, après des études à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale, Joseph Andrau fréquente d’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, dans les ateliers de Coutan et Landowski. Après avoir participé brillamment aux épreuves de sculpture du Grand Prix de Rome, il revient à Toulouse en 1931. Dès cette époque il reçoit plusieurs commandes officielles et privées. En 1932 joseph Andrau expose pour la première fois au Salon des Artistes Méridionaux.
A 29 ans, en 1936, il est nommé professeur de Dessin de la Ville de Toulouse qui reconnait ainsi ses aptitudes de pédagogue.
Cinq ans plus tard, résistant, il est membre du Corps-Franc «Combat ».
A la libération, la Mairie de Toulouse lui confie la responsabilité des cours de l’Atelier Supérieur de Sculpture qui vient d’être créé.
Après avoir assuré, dès 1946, l’enseignement des 3ème et 4ème années de sculpture, il est nommé Directeur de l’école des Beaux Arts de Toulouse en 1949, et se dévoue dès lors totalement à « son » école qu’il place aussitôt parmi les plus brillantes des écoles d’art de France.
Profondément humain et attentif à son prochain, il s’attache à l’amélioration des conditions d’existence de ses étudiants.
Soucieux de dispenser au sein de l’Ecoles des Beaux Arts de Toulouse un enseignement de qualité, ses efforts sont récompensés lorsqu’en 1967, un élève toulousain, Robert Montier, reçoit le Prix de Rome.
De son vivant, Joseph Andrau a reçu l’approbation, la reconnaissance et la consécration de critiques renommés avisés et exigeants. R. Loustaunau, dans un compte-rendu de l’Académie des Arts écrit : « Dans sa sculpture Andrau recherche la beauté en même temps que l’expression et le caractère. Quelle pureté de ligne… quelle palpitation de vie… toute son œuvre est empreinte de finesse… tempérament qui donne à sa sculpture une telle intensité de vie et de noblesse ».
L’excellent critique d’art Christian Schmidt, consacre des articles élogieux au maitre sculpteur « l’un de nos grands artistes toulousains ». Il évoque la forte personnalité d’Andrau, en fait l’égal de Pythagoras de Rhegium.
Mademoiselle Schnir l’apparente aux artistes grecs du Ive siècle avant J.C. et affirme que l’art d’Andrau se rapproche, dans la pureté se son style, de celui de Praxitèle.

Joseph Andrau

Robert Mesuret écrit : « Joseph Andrau, le plus modeste des hommes, nous en voudra-t-il de le comparer à Michel-Ange ? ».
Il a, à n’en pas douter, le sens du monumental, et dans la pierre et le marbre, il sculpte la plénitude des forces voluptueuses et somptueuses de la vie.
La force tranquille qui émanait de sa personne était le reflet de la sagesse de Joseph Andrau. Son calme imperturbable dissimulait une bonté, une délicatesse, une sensibilité sans égales.
Tous ceux qui l’ont connu ont eu le plaisir de découvrir en lui ces grandes vertus surannées, qui font cruellement défaut chez trop de nos contemporains, et qui sont le privilège des grandes âmes.
Aux heures les plus sombres de la dernière guerre mondiale, les combattants traqués de tous côtés savaient qu’il n’était de refuge plus sûr que dans l’atelier de « JO ». Combien sont allés rue des Potiers se reposer auprès de cet homme discret aux solides convictions, avant de repartir vers de secrètes missions ?

Pierre Darques

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Geneviève DUBOUL (1913-2007)


Geneviève DUBOUL

Née d’une ancienne famille toulousaine, Geneviève Duboul débute ses études d’art dans l’atelier ICART à Toulouse. Elle les poursuit aux Beaux-Arts de la ville et passe enfin deux ans dans l’atelier d’André Lhote à Paris.
Elle expose pour la première fois aux Méridionaux en 1939 et en devient Sociétaire en 1942.
L’art de la céramique l’accapare fortement dans les années cinquante et elle travaille alors pour l’atelier Saint-Vincens à Perpignan pendant une quinzaine d’années.
Parallèlement, Geneviève s’engage dans la création de cartons de tapisseries pour Aubusson.
Mais elle ne renonce jamais à ses premières amours, la peinture, et déroule une oeuvre d’une figuration lyrique et onirique, douce et complexe à la fois qui distille tous les charmes, à tous les sens du terme, de sa personnalité.
Son travail est présent au Musée des Augustins avec un Nu.
Magicienne dans son art, elle est une poétesse et une fée qui nous convie à ses fêtes, dit d’elle Michel Briqueu.
Nous rendons hommage à Geneviève Duboul, l’une de nos fidèles doyennes dont les oeuvres nous accompagnaient encore l’année dernière, lors du Centenaire de notre Société.
Elle nous a quittés le 6 mars 2007.

Françoise Alric

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Bernard DUMORTIER(1959-2013)


DUMORTIER

Scientifique de formation, ingénieur informaticien, Bernard Dumortier n’a jamais oublié la peinture qu’il pratiqua durant les 25 années de sa première vie en participant à de nombreux Salons, puis il décida en 2007 de vivre sa passion et choisit d’être peintre à « plein temps » comme il aimait à le dire et débuta ainsi sa seconde vie.
La caractéristique de Bernard était sa détermination et malgré de récurrentes remises en questions sur son travail, cette nouvelle vie l’orienta vers Collioure, village d’artistes où il trouva rapidement sa place avec un succès grandissant et un public d’amateurs toujours plus important. Après deux années réussies à Collioure il me proposa malgré l’improbable rencontre de nos univers, preuve de son opiniâtreté, de partager une exposition à Toulouse expérience que nous avons renouvelée plusieurs fois avec succès, renforçant ainsi nos liens d’amitié.
Bernard était toujours en recherche de techniques et de manières nouvelles de présenter ses œuvres pour mieux toucher son public, sans doute, son passé d’ingénieur lui donnait-il cette vision pragmatique du métier nécessaire à l’accomplissement de son rêve.
De ses tableaux parfaitement reconnaissables et malgré quelques variations thématiques on retiendra au delà de ses couleurs très « Dumortier », ce morcellement des surfaces et ces amoncellements de petites maisons si caractéristiques de son village d’adoption, réminiscence de son goût d’adolescent pour la peinture cubiste, dont il chercha à s’échapper pour éviter, disait-il avec humour dissimulé de tourner en rond, puis plus récemment, quelques échappées vers une peinture plus abstraite et bien sûr, ce petit vélo toujours présent comme une signature.
Bernard est arrivé au bout de son chemin au mois de juillet 2013, il a laissé son petit vélo, mais de nombreux amateurs continueront à le faire rouler sur les murs de leurs salons en pensant à lui. Il a rêvé sa vie d’artiste et l’a vécue avec bonheur quelques trop brèves années. Ses tableaux poursuivront la route pour lui.
Sociétaire des Artistes Méridionaux, Bernard Dumortier est né à Roubaix en 1959.

Philippe Vercellotti

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Jean-Pierre FLOCH(1937-2015)


FLOCH

Né le 19 mai 1937 à Toulon, Jean-Pierre Floch arrive à Dakar en 1940 où son père travaille dans les chantiers navals. Émerveillé par l’exotisme qu’il découvre – la richesse des couleurs des vêtements bigarrés des Africaines, celle des marchés gorgés de fruits – il prend très vite l’habitude de dessiner et, encore enfant, échange ses croquis contre une pièce.
La perte de son père en 1943 le conduit dans un orphelinat en France, à la Roche-Guyon. Malgré les circonstances, il en garde un bon souvenir : on y applique la « méthode Fresnay » qui développe les dons de chacun. « Je devins rapidement le peintre des lieux dont les murs étaient recouverts de mes gouaches ». De ses études, il retiendra surtout le dessin ; il se plonge dans les livres de la collection Skira sur les impressionnistes, les fauves, les nabis.
Revenu au Sénégal, il travaille chez un décorateur avant de devenir, sur un coup de tête, aviateur militaire. Cette expérience lui prouve que son véritable intérêt dans la vie est la peinture et, à partir de 1974, il ne quittera plus jamais son chevalet.
D’abord figuratif, son travail prend un tournant avec la découverte de Nicolas de Staël. La simplification vient, puis l’abstraction l’attire. Il fait des collages de palettes, stockées depuis longtemps, sans savoir qu’elles allaient devenir le support de sa nouvelle peinture, le poussant à s’affranchir du monochromisme. « Je ne garde de la peinture que ce qu’elle a de spécifique, couleur, lumière, matière, sans en exiger d’autre effet que l’émotion qu’elle fait naître dans une attente réciproque ».
Jean-Pierre exposait avec les Méridionaux depuis 1986. Sociétaire en 1991, il a participé fidèlement à tous les Salons malgré une maladie handicapante qui l’a l’obligé à se tenir éloigné de nos vernissages. Il s’est éteint à Cerbère, le 11 juin 2015.

Françoise Alric

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Henriette FOUROT(1913-2013)


FOUROT

Henriette FOUROT est née le 4 février 1913 à Paris-19e, tout près du parc des Buttes-Chaumont qu’elle aimait tant.
Dès sa petite enfance, elle s’adonne à la peinture. Elle expose ses œuvres depuis l’âge de 18 ans avec un succès qui ne s’est jamais démenti. Huiles, mais surtout gouaches, pastels, aquarelles, dessins à la mine de plomb, tous créés sur le motif : les techniques sur papier ont sa préférence. Son trait incisif et dynamique décrit souvent des paysages puissamment colorés et cette facture énergique surprend de la part de cette petite femme d’apparence si fragile.
Professeur de dessin depuis 1936 à Metz, Bourges, Dunkerque ou Lyon, elle arrive à Toulouse pendant la guerre. De 1946 à 1966, c’est à l’ENNA qu’elle forme de futurs enseignants en arts plastiques.
Elle expose dans nos Salons dès 1947 et ce jusqu’en 2007. Sociétaire de la SAM en 1956, elle en est la secrétaire de 1984 à 1986.
Notre doyenne s’est éteinte le 16 juillet 2013 à l’âge de 100 ans, après une vie entièrement consacrée à son art.

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René IZAURE(1929-2014)


IZAURE

Il est des artistes qui marquent leur époque. René Izaure est de ceux-là. Loin de l’agitation vaine de notre monde artistique contemporain, il a su préserver sa particularité d’artiste confidentiel. Cette rareté assumée et voulue, il la doit sans aucun doute à sa sagesse d’homme des montagnes – ariégeoises bien sûr – faite de sérénité, de passion, d’énergie et d’humour.
En tant que professeur de dessin et de gravure aux Beaux-arts de Toulouse, il a insufflé un état d’esprit, une manière particulièrement approfondie d’appréhender l’art et la vie à ses étudiants. Ses ateliers ont été des lieux d’expérimentations techniques offrant tous les possibles aux artistes en herbe que nous étions.
L’artiste est l’homme
L’œuvre de René Izaure est une. Elle raconte la vie d’un homme tour à tour sensible, élégant, enjôleur, sérieux ou profond. Il est hors du temps, hors des modes. Par choix, il décline son travail autour du trait que ce soit en gravure (burin, pointe sèche), en dessin ou en peinture. Sa sensibilité s’adapte à l’outil, le geste est maîtrisé, le résultat semble couler de source, sans efforts, du moins en apparence.
Je voudrais tenter de vous emmener au-delà de cette apparente simplicité et facilité d’exécution à travers un dessin (parmi tant d’autres) dont le titre-poème évoque à lui seul l’homme : « La neige épaisse s’étend à l’infini et pèse sur l’arbre dans la montagne vide », dessin au crayon Wolff (marque de crayon carbone alliant la précision du graphite et la noirceur du fusain), œuvre sur papier de 1985.
Imaginez : un arbre vieux, peut-être un cyprès, s’ouvrant et ployant sous le poids de la neige fraîchement tombée ; à l’arrière, le léger voile d’une brume hivernale efface le paysage ; au premier plan, quelques ronces et herbes émergent de la neige.
Voyez : un carré de papier blanc, des traits de crayon Wolff, des zones de nuances de gris, de noirs, de blancs, des coups de gomme, quelques griffures et une organisation simple de la composition : une verticale, quelques volutes et un contrepoint pour mettre en valeur la verticale.
Éprouvez : une sensation de puissance, de calme, de douceur. Écoutez le silence. Prenez plaisir à refaire cette expérience avec d’autres œuvres : un paysage de Vicdessos ou de Rabat-les-Trois-Seigneurs, un lys, un insecte, une fouine, un rapace, tout semble simple, évident, tellement vrai au premier abord. Mais allez plus loin, ou plutôt plus près. Zoomez (comme il aimait à le dire), utilisez votre œil pour « espépisser » ce bout de papier parsemé de mille traits de crayon, de mille coups de gomme, de mille nuances de gris, de noirs, de blancs : alors tout un monde s’ouvre devant vous ! Voici un groupe de bûcherons, de promeneurs au milieu des forêts, ici un défilé d’insectes dans la brume brandissant des pancartes où l’on peut lire « No smoking ! », là des arbres à la ramure tortueuse pour mieux singer les hommes, là encore des rochers, des chutes d’eau ou des torrents (ceux de ses chères montagnes ariégeoises) aux graphismes rugueux qui sont comme de lointains échos à la peinture chinoise classique. Là-bas, d’ailleurs, il est très apprécié puisque « nul n’est prophète en son pays » !
Maître Izaure est un contemplatif, il observe le monde d’un œil à la fois critique et bienveillant, un peu comme ces ermites-lettrés sous la dynastie des Yuan en Chine au XIIIe siècle qui, en s’écartant de la vanité du monde, nous révèlent la beauté de la vie. Il nous invite par le regard et par l’esprit à nous évader de notre quotidien. Il est parti rejoindre discrètement ces nuages qu’il accrochait si tendrement à ses paysages. Il nous laisse ses œuvres magnifiques qui sont autant de sentiers à parcourir. À nous de tenter l’aventure.

Jean-Louis Rouget

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Robert LAVABRE (1928-1988)


Robert LAVABRE

Ne lui cherchez pas trop de références : Robert Lavabre était d’abord un peintre inclassable. Il définissait son Art comme non figuratif. Ce qui l’intéressait ? le fait pictural, le tableau pour le tableau, et ses gouaches sont autant d’espaces dégagés de l’observation du réel.
Autodidacte, Robert Lavabre a fait vibrer sa palette dans la mouvance post-cubiste, encouragé par Albert Gleizes. Il a abandonné ses pinceaux pendant vingt ans pour se consacrer à sa famille. Mais les Artistes Méridionaux ne l’avaient pas oublié et ils l’ont persuadé de se remettre au travail au début des années ‘80’.
Rythmes, cadences, mouvements, ponctuations … Les gouaches de Lavabre traduisent des pulsions, des états d’âme. Avec une exigence de plus en plus acérée, il cherchait à construire un espace pictural propre, à en assurer la structure dynamique par une suite de plans détachés, enveloppés de gestes larges, onctueux.
Le peintre utilisait une palette équilibrée et intime de tons subtils glissant progressivement vers des contrastes secrets. Sa touche, exempte de toute arrogance expressive, se pliait à la présence d’un lyrisme personnel parfaitement retenu.
Lavabre se démarquait de tout formalisme, réfutait l’anecdote pour développer une peinture de l’intérieur. En la lisant de près, on y découvre d’étonnants équilibres, des espaces scandés en demi-teintes ou encore des signes qui tirent leur dynamique du mouvement qui est contenu, mouvement devenu tension. C’est pourquoi elle ne laisse pas indifférent. Comment s’étonner, alors, que la spontanéitéde Robert Lavabre, qui en faisait un être attachant, nous manque tant ?...
Robert Lavabre était trésorier de la SAM lorsqu’il nous a quittés, le 11 octobre 1988.

Henry Beulay

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Maurice MÉLAT (1910-2001)


Maurice Mélat

Maurice Mélat est né le 24 mai 1910 à Epernay, en Champagne, de parents commerçants. Il entre à l’école des Beaux-Arts de Reims puis, de 1927 à 1932, suit à Paris les cours de l’Éducation Nationale des Arts Décoratifs chez Legueult et Corlin. En 1931, il obtient le Prix d’Atelier et ses diplômes au Professorat de Dessin.
Parallèlement, il étudie la musique. Violoniste dès l’âge de 10 ans, élève de Robert Krettly, plus tard ami d’Arthur Honegger dont il fait le portrait (Fondation Honegger-Suisse), il ne cessera de pratiquer et de se perfectionner dans cet Art.
Sa formation musicale est on ne peut plus sérieuse, mais il lui faut choisir. La vie a ses exigences… Sa nomination en 1934 comme professeur de dessin au Lycée Pierre-de-Fermat va faire du champenois Mélat un de ‘ces Toulousains qui font Toulouse'.
A son arrivée, Maurice Mélat fait partie de l’orchestre de la Société Charles Bordes ou, en 1935, Arthur Honegger dirige son Oratorio 'le Roi David'.
Par ailleurs, ses activités d’enseignant ne se limitent pas au lycée ; il fonde en 1945 à l’école des Beaux-Arts, l’Atelier Supérieur de Préparation au Diplôme d’état du professorat de Dessin, atelier qu’il anime jusqu’en 1973.
Dès sa première participation, en 1936, au Salon de la Société des Artistes Méridionaux avec une toile qui ne passe pas inaperçue (représentant Joan Warner, la danseuse nue qui faisait scandale à l’époque), la réputation du peintre et du dessinateur est faite.

Maurice Mélat

Depuis ce moment, tout au long de sa carrière picturale, l’on va retrouver le corps de la femme qu’il célèbre au travers de poses à la fois audacieuses et élégantes, où les visages aux regards volontairement lointains et absents leur confèrent cette abstraction ardemment recherchée.
Les commandes affluent : portraits pour les collectionneurs privés, peintures murales pour les bâtiments publics comme la salle Audouy, commande de l’état au Palais Consulaire, ‘portraits Collectifs’ des membres de la Chambre de Commerce de Toulouse, toile dont le transport nécessite, auprès de Paul Mesplé, conservateur du musée des Augustins, l’emprunt du ‘rouleau’ de Dominique Ingres et déplace ses multiples éléments de châssis en un véritable ‘monôme’ à travers la ville.

Maurice Mélat

Toujours à l’instar du Maitre montalbanais, Maurice Mélat continue à partager son temps entre ses brosses et son archet. Tout naturellement, lorsque ses nombreuse expositions personnelles (Toulouse, Paris, Monaco, Epernay, Vallauris, Epinal…) lui en laissent le temps, il travaille pour la Compagnie du Grenier de Toulouse avec Maurice Sarrasin, Simone Turk et Daniel Sorano, en produisant des décors, costumes, peintures ; maquettes et plans pour vingt œuvres du répertoire. Cette collaboration à la très remarquable aventure du Grenier va durer de 1945 à 1964. Pour ce dernier, il écrit aussi des musiques de scène mêlant ainsi, de la façon la plus harmonieuse qui soit, ses deux formations – musicale et picturale – qui se complètent avec le plus grand bonheur.
En 1941, le Lyrique fait appel à son talent ; il participe dès lors, et ce jusqu’en 1980 avec Werther, à la réalisation de trente Œuvres pour le Théâtre du Capitole (Opéras, Ballets, reprises et créations mondiales).
Le premier ‘décor construit’ voit le jour cette même année pour Œdipe-Roi, ce qui représente, à l’époque, une révolution dans le milieu théâtral.
En 1957, Maurice Mélat entreprend la première réalisation complète des décors et des costumes dans les Ateliers Municipaux de Toulouse, Pénélope de Gabriel Fauré, qui reste dans toutes les mémoires, en est la première illustration, suivie en 1958 du Roi David.
Compte tenu de l’importance de l’œuvre, il ne reste, hélas, que peu de traces de ces années historiques du Théâtre à Toulouse.

Maurice Mélat

Les esquisses, maquettes et études préparatoires ont été trop rarement conservées par l’artiste. La partie de ces réalisations qui se trouvait dans l’ancien local occupé par la troupe du Grenier de Toulouse, rue Coupefer, a été détruite presque entièrement par l’incendie du 21 octobre 1970.
Cependant, certains de ces travaux préliminaires qui illustrent les recherches faites par Maurice Mélat ont pu être sauvegardés et ont été présentés au musée Goya de Castres. D’autres seront exposés au musée Paul Dupuy à Toulouse.
A coté de ses dessins, ses gouaches, ses huiles, nous trouvons aussi des tapisseries qui témoignent d’un autre volet de son Art. Esprit curieux et créatif, il conçoit pour Aubusson de nombreux cartons pour les tapisseries qui ornent bâtiments publics et collections privées.
On le retrouve donc, de 1962 à 1981, aux côtés de Marc Saint-Saëns et de Lurçat, artisans du renouveau de la tapisserie en France.
Pédagogue généreux et enthousiaste, musicien exigeant dans sa pratique comme au premier jour, scénographe au rôle prépondérant dans l’essor du théâtre toulousain, cartonnier, peintre et dessinateur exposant régulièrement au Salon de la SAM dont il est le Président de 1966 à 1984, les nombreuses facettes de cet artiste raffiné et talentueux ne doivent pas nous cacher l’être délicieux qu’il était. Mais encore homme multiple, il a fait sienne la devise ‘mens sana in corpore sano’ puisqu’il fut aussi un alpiniste émérite, gravissant le Cervin à l’âge de 60 ans.Le prix Clémence Isaure qui lui fut décerné le 4 novembre 1991 par l’Académie du Languedoc ainsi que la Médaille d’or de la Ville de Toulouse remise le 25 mai 2000 par Dominique Baudis vinrent justement récompenser la qualité et l’étendue de l’œuvre de cet artiste riche et éclectique, intègre et désintéressé, qui est pour nous un exemple. Ces distinctions honorent un ‘honnête homme’ du XXe siècle qui a tant apporté au patrimoine artistique de sa Ville et de sa Région.
Maurice Mélat nous a quitté le 29 janvier 2001.

Françoise Alric

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Paul MESPLÉ (1896-1982)


Paul Mesplé

Paul Mesplé est né le 11 juin 1896. Administrateur de MISTRAL, fervent régionaliste, il a passionnément aimé Toulouse, qu’il a quittée à 86 ans, le 28 Août 1982.
On connait surtout l’érudit, celui qui, de 1941 à 1964, a occupé le poste de conservateur du Musée des Augustins. A ce titre, il a organisé d’importantes expositions : Toulouse vue par ses peintres, la Vierge dans l’Art Méridional, l’Art Baroque de Saint-Sernin et l’Age d’Or de la peinture toulousaine, présentée au Pavillon de l’Orangerie à Paris. Son activité de chercheur s’est manifestée par la publication d’ouvrages majeurs sur l’histoire de la région : Images de Toulouse (1933) et Vieux Hôtels Toulousains (1948), tous deux illustrés d’aquarelles de son ami le peintre Edouard Bouillière, A travers l’Art toulousain-Hommes et Œuvres. Deux études pour les musées de France sur la sculpture romane et sur la peinture du musée des Augustins, cette dernière préfacée par A. Maurois, ont aussi proposé de nouvelles perspectives.

Paul Mesplé

A cela s’ajoutent de nombreuses publications dans les collections diverses sur Toulouse, Albi, sur Auch et les églises du Gers, sur les monuments de la Gascogne gersoise et des communications aux sociétés savantes dont il était membre, comme la Société Archéologique du Midi de la France.
Pour l’amour de sa ville, pour sauvegarder ses paysages et ses monuments, ce savant s’est fait militant, pamphlétaire. Membre dès 16 ans de la Société des Toulousains de Toulouse, il y occupe rapidement des responsabilités et assure en particulier pendant 55 ans la publication de son mensuel L’Auta. Cette publication, la chronique littéraire et artistique rédigée pour l’Express du Midi, La Garonne, La petite Gironde (son fils conserve précieusement 24 cahiers couvrant le période 1914-1970) et le siège occupé par la commission Départementale des Sites sont pour lui autant de tribunes d’où il alerte les pouvoirs publics et dénonce avec la dernière énergie les projets et réalisations qui, à ses yeux, portent atteinte au patrimoine de Toulouse.

Paul Mesplé

Ces multiples travaux ne constituent que la face visible et publique des activités de Paul Mesplé. Parallèlement, cet homme discret cultivait une riche vie intérieure en utilisant l’expression poétique et surtout picturale.
Formé aux Beaux-Arts de Toulouse, il pratique l’huile, la gouache et l’aquarelle et participa aux expositions collectives de la Société des Artistes Méridionaux, dont il est Sociétaire à 25 ans, secrétaire de 1930 à 1946, puis Vice-président de 1947 à sa mort.
Scènes d’intérieur, natures mortes, vues de Toulouse sollicitent son imagination.
Pendant la guerre notamment, resté au musée des Augustins pour veiller sur les œuvres, il occupe ses loisirs forcés en peignant ce qu’il voit : le musée sous tous ses angles, ses murs, son cloitre. Ainsi Paul Mesplé a t-il élaboré une œuvre picturale d’ampleur insoupçonnée, restée longtemps confidentielle : son dialogue avec son sujet n’avait pas besoin d’un tiers spectateur et Paul Mesplé peintre ne cherchait pas le public.

Élisabeth Aragon

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Jean MONTIER (1911-1992)


Jean Montier

Jean Montier est né à Dijon en 1911. Etudes spécifiques aux Beaux-Arts de Rouen et de Paris. Architecte DPLG en 1933. Exerce la profession jusqu’en 1980. Professeur aux Beaux-Arts de Toulouse de 1953 à 1979. Architecte de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse jusqu’en 1980.
Jean Montier a très longtemps participé, non seulement à bon nombre de réalisations architecturales à Toulouse, mais aussi, très activement, à la destinée de notre Société dont il avait été Vice-président puis Président d’Honneur. Affiches et couvertures de nombreux catalogues signées de sa main en sont la preuve.
Peu de temps avant sa disparition, Jean Montier avait, le 2 juin 1992, éprouvé le besoin d’écrire un texte qu’il avait intitulé « FRESQUE ». Il s’agissait d’une sorte de conclusion à sa vie qu’il sentait certainement arriver à son terme. Il est mort le 22 juillet, 50 jours après.

Ces quelques mots résument parfaitement l’enthousiasme qui fut le sien et la maitrise de son Art qui a toujours servi, sans l’entraver, la spontanéité de son esprit et la fraicheur de son regard.

Bernard RYON

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Henri PATEZ(1927-2014)


Patez

Si la vie et la carrière d’Henri Patez se sont largement déroulées à Paris, il a toujours gardé des liens très forts avec Toulouse. Venant de Sedan, où Henri est né le 14 mars 1927, c’est dans cette ville que sa famille a trouvé refuge en 1940.
Le jeune Patez y fait ses études secondaires, intègre les Beaux-Arts dans les ateliers des peintres et sociétaires des Méridionaux Baboulet et Grandidier tout en apprenant par ailleurs la photographie. Il suit aussi les cours du peintre Nicolas Untersteller aux Beaux-Arts de Paris.
À partir de 1953, il enseigne à Auch, puis en 1959 au lycée Bellevue à Toulouse. En 1960, muté au lycée de Pontoise, il s’installe à Paris et professe ensuite dans les lycées Carnot et Jacques-Decourt.
Dès 1953, il présente à Toulouse des expositions personnelles à la galerie Chappe, puis chez Simone Boudet et enfin, en 1995, chez Art-Sud. À Paris, c’est la galerie Creuze qui l’accueille. Il expose aussi dans différents Salons, tant dans la capitale (Les Artistes français, Les Peintres témoins de leur temps, Réalités nouvelles) qu’en province ou à l’étranger.
En 1972, il adhère, à sa formation, au Centre international d’études d’art constructiviste jusqu’à son éclatement fin 1975. À Paris, il fonde en 1973, avec sa femme, la société Del Arco (impression et édition de sérigraphies d’art) que continueront leurs fils et fille.
Son art évolue de l’académisme à la figuration expressive, puis effectue une approche de l’abstraction qui le conduit vers une géométrie de plus en plus libérée de toute référence naturelle.
Le peintre, historien et écrivain d’art Jacques Busse dit de Patez : « L’ensemble de sa carrière est exemplaire d’une recherche sincère de l’abstraction construite, qui ne renie pas ses passages par les apprentissages et la poursuite d’une réflexion exigeante, et dont l’accession à la rigueur n’exclut pas la diversité ».
Patez a participé aux Salons des Artistes Méridionaux de 1945 à 2001 ainsi qu’aux dix-huit expositions présentées à l’occasion du Centenaire de la SAM en 2005 et 2006. Il était sociétaire des Méridionaux depuis 1955.

Françoise Alric

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Lucette ROUBINET(1930-2012)


Roubinet

Lucette a débuté très tôt son parcours artistique. Née le 31 août 1930, à Thenon en Dordogne, d’un père ébéniste, elle manie toute jeune le ciseau et réalise des tableaux en marqueterie.
Arrivée à Toulouse début 1959, elle s’inscrit dans l’atelier de Paule Soulé où Josette Villars a étudié. Sans être similaires – puisque Lucette fréquente aussi l’atelier de Jean Druïlle, 64 quai de Tounis, puis celui de Jean-Jacques Corneille et Robert Thon, place Esquirol – leurs routes vont se recouper pendant près de cinquante ans.
Elles se retrouvent chez Les Peintres du mardi, à Victor-Hugo, atelier créé et animé par Christian Schmidt. Elles suivront ensuite son enseignement aux Beaux-Arts, puis à L’Atelier 208, rue Valade. En 1992, contraint de réduire ses activités, Schmidt poursuit des réunions de réflexion auprès d’un petit nombre de fidèles à travers Le Groupe A2. Lucette sera à ses côtés jusqu’à son décès le 1er mai 2003.
Lucette expose régulièrement avec Les Artistes Méridionaux de 1990 jusqu’au dernier Salon de 2011. Sociétaire, elle intègre le Bureau de la SAM en 1998 et participe pendant près de quinze ans à la bonne marche de la Société.
Elle présente des peintures à la matière généreuse, travaillée souvent « en daube » selon le mot de Schmidt parlant de ses propres réalisations. Leur climat est souvent sombre, nourri des difficultés rencontrées dans sa vie et « l’observateur sensible y trouvera, accrochés ici ou là, quelques petits morceaux de son cœur » écrira Schmidt. Cependant, il émane de ses œuvres une force et une sérénité qui lui ressemblent.
Lucette a décrit son engagement dans l’art : « Je ne sais pas si je mérite le nom d’artiste. Ce dont je suis sûre, c’est que je suis devenue au fil du temps un bon artisan, honnête, sincère, sans concession à la facilité et l’artifice. La peinture m’est aussi nécessaire que la respiration. Joies et douleurs, enthousiasmes et découragements me font vivre pleinement dans un équilibre difficile, mais enrichissant, entre ma vie de peintre, de femme et de mère ».
Les deux amies ont disparu à trois mois d’intervalle. Lucette s’est éteinte le 1er mai 2012, après avoir résisté de longues années à la maladie avec dignité.

Françoise Alric

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Serge SALTEL (1936-2010)


Serge Saltel

Fils du célèbre photographe Bernard Saltel, Serge est né le 18 mars 1936 à Toulouse. Il fait de solides études d'abord aux Beaux-Arts de Toulouse puis en 1958, muni d'une bourse de l'UNSECO, à ceux de Bruxelles où il obtient la médaille d'Or en "Peinture et Publicité". Il termine son cursus aux Beaux-Arts de Paris.
Il rentre à Toulouse où viennent de s'ouvrir "Les Nouvelles Galeries". Serge y mène toute sa carrière d'étalagiste décorateur. Il crée aussi des panneaux pour les chambres d"enfant qu'il propose dans les magasins de la ville. Il participe à l'élaboration de livres de coloriages pour les Éditions Blas. Mais sa passion pour la peinture est toujours là et il présente ses œuvres dans de nombreux Salons où il obtient plusieurs Prix.
Cependant, il va trouver à travers le dessin humoristique une expression originale plus conforme à son œil critique, voire mordant, qu'il porte sur le monde.
Ses premiers envois paraissent en 1965 dans L'Ècho des galeries et, en 1966, Le Monde et la Vie en publie une série. Ridendo, La Vie Catholique, Mode de Paris, France Dimanche, Ici Paris, Le Fait Public, Plexus, Le Herisson, Franc Rire et bien d'autres lui ouvrent leurs pages. Il est présent à la Biennale de l'humour à Talentino en Italie, la plus importante du genre en Europe et il y est souvent invité.
La peinture le rattrape et, dès 1983, il expose dans nos Salons des toiles dans lesquelles s'exprime sa reflexion ironique. Il pose toujours son regard aussi acéré sur la vie et les hommes faisant ainsi, en un véritable tour de force, la synthèse entre le dessin humoristique et la création picturale.
Serge, Sociétaire depuis 2001 s'en est allé le 1er janvier 2010.

Françoise Alric

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Daniel SCHINTONE (1927-2015)


Daniel Schintone

Avec Daniel Schintone, c’est une figure importante de notre association qui a disparu le 20 juin dernier. En effet, dès 1947, il expose au Salon des Artistes Méridionaux. Sociétaire de la SAM en 1951, il fait partie de son conseil d’administration de 1957 à 1967. C’est aussi un peintre toulousain renommé qui s’en va, un lithographe et un illustrateur de livres (Silhouettes toulousaines), un des peintres officiels des Armées et un professeur de plusieurs générations d’artistes. Ses nombreux élèves des Beaux-Arts gardent toujours en mémoire les conseils éclairés qu’il leur a prodigués avec une bonhomie souvent teintée d’humour.
Né au gré des pérégrinations professionnelles de ses parents à Bort-les-Orgues en Corrèze, le 4 février 1927, il arrive à dix ans à Toulouse. Il ne quittera plus sa ville et posera son chevalet dans le quartier de Fontaine–Lestang. Plutôt casanier, mais rêvant d’exotisme, c’est grâce à ses pinceaux qu’il voyagera en un Orient imaginaire découvert au hasard de rencontres opportunes.
La première qui va changer sa vie est celle, en 1943, du Tonkinois Trany que Schintone côtoie aux Beaux-Arts. Une grande amitié va naître entre eux. Il lui fait découvrir les beautés de l’Extrême-Orient, et ses récits vont imprégner l’âme poétique du peintre. Viendront ensuite, en 1948, la lecture du livre de l’orientaliste René Grousset, Les Civilisations de l’Orient, puis l’achat d’estampes de grands maîtres japonais. Ils marqueront l’artiste à jamais, tout comme la découverte de l’art extrême-oriental au musée Labit qui rouvre à ce moment-là.
Dès lors, il cherche à traduire, par sa peinture, l’atmosphère calme et mélancolique de ces lointains pays et se met à composer ses œuvres de manière « asiatique ». Il apprend à se servir du pinceau chinois, à rechercher la perfection du trait japonais. Il propose une mise en page inattendue dont la toile nue ou les parties vides comptent autant que les pleins dans l’équilibre du tableau. La ligne remplace les dégradés et suggère le volume. La matière est peu épaisse, enrichie de glacis, frottis, grattages, blaireautages ou empreintes, de poudres de bronze ou de feuilles d’or froissées. Très secondaires, les problèmes d’ombre et de lumière sont évoqués par des jours, des rais de soleil, des lanternes ; les problèmes de perspective, par la taille des personnages.
S’il commence à peindre des fleurs, des natures mortes ou des paysages, très vite la Femme s’impose à lui. Elle devient le thème central de son œuvre qu’elle soit Eurasienne ou Gitane, auréolée d’un exotisme mystérieux et envoûtant ; qu’elle arbore, richement parée, une peau grise ou bleue comme les miniatures de l’Inde ; qu’elle soit une girl aussi emplumée qu’une Indienne d’Amérique. Les profils des visages sont tournés dans des directions opposées, les regards s’échappent du cadre, agrandissant ainsi la dimension du tableau. Le vêtement, très présent, vient en point d’appui dans la composition : cols, écharpes, châles, drapés, dentelles, colliers, boutons ou gants d’où s’échappent, en voletant, de longs doigts noirs, tous ces détails qui paraissent mineurs soutiennent et distribuent les taches de couleur.
Il est une facette plus méconnue de l’artiste. Poussé par sa fascination pour le vêtement, Schintone va s’intéresser aussi aux tenues militaires. Son érudition porte surtout sur l’armée allemande et la Seconde Guerre mondiale. Sa collection compte plus de 350 pièces d’uniformes et de coiffures, à côté de modèles réduits de l’armement sous Napoléon 1er qu’il a lui-même réalisés. C’est donc en tant que collectionneur, historien et spécialiste qu’il entre, en 1964, à L’Académie toulousaine d’histoire et d’arts militaires créée en 1944 à Toulouse. Reconnu par les plus grands musées militaires, il devient peintre officiel des Armées.
Passionné par ces nombreux domaines, on pourrait imaginer un Schintone « touche-à-tout ». Au contraire, loin de se disperser, il étudie à fond ces sujets et partage son savoir sans compter. Étudiants, historiens, amateurs d’art, collègues artistes, tous ont bénéficié de ses connaissances que ses dons d’orateur ont généreusement dispensées tout au long de sa vie.

Françoise Alric

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Christian SCHMIDT (1920-2003)


Christian Schmidt

Christian Schmidt est né au Maroc le 18 octobre 1920, jour de la Saint-Luc, protecteur des Peintres. Etudes à Strasbourg puis Paris ou il fréquente l’atelier du maître Gromaire qu’il admire.
Rentrant des camps de prisonnier en 1943, il rejoint sa famille repliée à Toulouse. Résistance, Gestapo, Mauthausen : médaille militaire, Croix de Guerre. Mais on connaît surtout Schmidt le peintre.
En 1945, c’est l’aventure du ‘chariot’ avec Hugon, Yankel, Goedgebuer, Vernette, Teuillières, Pagès … une histoire d’amitié.
En 1950, il est professeur aux Beaux-Arts. Il crée en même temps son premier Atelier privé ou, pendant près de trente ans, il regroupe une vingtaine d’élèves, ‘les peintres du mardi', puis l’Atelier 208, plus largement ouvert.
Pédagogue généreux mais très exigeant, ouvert à toutes les tendances pourvu que l’on ne triche pas, il a su créer dans ses Ateliers un climat de complicité incomparables ou se sont forgées de solides amitiés. Individualiste, il savait cependant écouter les autres, les comprendre et les guider sur les chemins de l’Art sans imposer sa vision personnelle : ‘je suis là pour vous aider à trouver votre propre signature’.
C’était un homme de grande culture, le théâtre faisait aussi parti du personnage. C’était sa seconde nature et nul n’a été surpris de l’entendre à la ‘cave poésie’, chez son ami René Gouzenne, dire des textes de Tchekhov ou de Beckett.
Il fut également le premier directeur du Centre Culturel de Toulouse, compétent et imaginatif (1964-1972). Responsable pendant douze ans du Cabinet d’Esthétique de la ville, il se bat pour la restauration de la brique et de l’architecture d’origine dans les quartiers historiques.
Pour achever le portrait esquissé d’un homme qu’il fallait bien connaitre pour lui accorder estime et amitié, on peut citer cette réflexion de Marie-Louise Roubaud : ‘Chez Schmidt, l’anecdote cruelle cache le silence un peu hautain des Stoïques qui veulent faire croire que rien ne les touche, alors qu’un souffle d’indifférence les blesse à mort’. Stoïque, il l’a été jusqu’au bout de sa vie pour tenir tête à la maladie, le pinceau à la main.
C’est à Bages, en 2003, que s’achèvera son parcours, un site qu’il aimait particulièrement et qui lui a inspiré quelques-unes de ses meilleures toiles.

Lucette Roubinet

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Elisabeth SUPLY-CELHAY (1927-2009)


Suply-Celay

Élisabeth SUPLY, épouse CELHAY, est née le 3 mai 1927 à Lille. Artiste dans l'âme, elle est d'abord musicienne. Puis, installée dans le Sud-Ouest, elle s'implique dans le mouvement associatif et, en 1972, devient présidente de l'association d'arts pastiques Fontaine-Laborde à Anglet (Pyrénées Atlantiques).
On y propose des séances d'apprentissage et de la pratique de la peinture grâce à l'animation faite par des peintres confirmés et la tenue régulière de deux Salons annuels.
C'est ainsi qu'Élisabeth a commencé à peindre. Expositions personnelles, surtout dans le sud de la France, ou collectives en Europe, aux États-Unis et jusqu'au Japon se succèdent. Les récompenses aussi. Les Méridionaux la découvrent en 1988 et exposent dès lors ses toiles dans leurs Salons.
Elle devient Sociétaire de la SAM en 1992.
Son œuvre, souvent teintée de mélancolie, transmet aussi force et énergie à travers une inspiration abstraite qui maintient cependant toujours un fil avec des éléments de la réalité.
Élisabeth nous quitte le 29 juillet 2009.

Françoise Alric

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Jean TEULIÈRES (1919-2009)


Jean Teulières

Né à Montauban le 15 novembre 1919, Jean fait ses études de 1936 à 1939 aux Beaux-Arts de Toulouse puis aux Arts décoratifs à Paris. La céramique l’intéresse particulièrement et, à partir de 1948, il présente à la SAM des pièces originales servies par une technique parfaite. Cette même année, il adhère au groupe « le chariot » qui vient de naitre. Le sculpteur Pagès, les peintres Goedgebuer, Hugon, Schmidt, Vernette, Sociétaires de la SAM, le parisien Yankel (réfugié à Toulouse pendant la dernière guerre) se retrouvent pendant une dizaine d’années en une amicale émulation. Jean propose de ‘trop’ rares expositions à la Galerie Chappe, puis chez Simone Boudet.

Jean Teulières

Parallèlement au professorat de modelage et de céramique qu’il exerce aux Beaux-Arts de la ville de 1951 à 1989, il mène une carrière de décorateur, toujours en quête de nouvelles formes, de nouveaux émaux. Pendant plus de trente ans, la majorité de son travail évolue autour d’ouvrages destinés à des bâtiments privés ou publics, des monuments historiques ou religieux (chapelle Saint-Antonin aux Jacobins). On compte plus d’une centaine de ses réalisations dans la région, la plus emblématique restant les vingt-six blasons de la gare Matabiau.
Teulières participe au programme initié en 1951 par le ministère de l’éducation nationale : ‘le 1% artistique’. C’est ainsi qu’il collabore avec des architectes comme Castaing, Montier, le sculpteur Pagès, les peintres Letaudy, Goedgebuer, (eux aussi Sociétaires de la SAM). De nombreux lycées, collèges, écoles de la région portent son empreinte. Plus confidentielle, mais très appréciée des collectionneurs, une autre facette de son activité réside dans la création de nombreux objets décoratifs ou publicitaires ainsi que de mobilier intérieur. Fidèle assistante, son épouse Suzanne est partie prenante dans tout le travail de Jean.
Sociétaire en 1953, il expose avec nous jusqu’en 1989 et s’éteint le 23 juin 2009 à Lacroix-Falgarde.

Françoise Alric

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Josette VILLARS (1922-2012)


Josette VILLARS

Depuis 1951, les œuvres de facture libre et dynamique de notre sociétaire coloraient les cimaises des Salons des Artistes Méridionaux de leur bleu particulier, riche et soyeux. Je l’appelais « le bleu Villars ». Elle s’amusait de mon mot, mais y trouvait un rapprochement bien excessif au regard d’un bleu plus célèbre !
Josette a consacré tout le temps que lui laissait « la banque » – La Préservatrice puis La Banque Courtois – à son unique passion : la peinture. Au sortir de la guerre, elle apprend les bases de son art chez Paule Soulé, peintre et secrétaire emblématique de la SAM. Cette dernière officiait au 9 allée des Zéphyrs (allée Paul-Sabatier) dans l’atelier de Georges Vivent, 4e président de notre société. Paule a aussi formé sa jeune élève au dessin anatomique pour les livres de médecine. La justesse du trait ainsi acquise donnera précision et délicatesse à ses nus.
Familière des galeries, Josette fit la rencontre du peintre Christian Schmidt au début des années 50. Elle travaille auprès de lui rue des Trente-Six-Ponts, puis le suit chez Les Peintres du mardi à l’atelier Victor-Hugo. Fidèle parmi les fidèles, elle l’accompagne dans les différents ateliers qu’il anime jusqu’en 1992.
Josette repart alors vers une autre aventure avec les peintres du groupe L’Estrambòrd de la rue Saint-Aubin. Elle en était la massière et conseillait avec patience et compétence ses collègues.
La liberté de ton qui régnait dans la communauté artistique convenait parfaitement à son caractère. Josette a mené une vie libre que nourrissait son naturel enjoué et frondeur. Sa remarquable ouverture d’esprit faisait d’elle une éternelle adolescente d’un commerce particulièrement agréable. Sur quels critères sélectionnait-elle ses amies ? Nul ne le sait, mais la subtilité de ses choix a permis à beaucoup de nouer entre elles des relations durables et cette trame a entouré sa vie de célibataire d’un affectueux cocon.
Josette était née le 6 septembre 1922 à Mayence, en Allemagne, où son père, alors militaire, avait rencontré Maria, sa future épouse. Elle nous a quittés le 29 janvier 2012. Ses amis l’ont accompagnée par un jeudi glacial à Launaguet où elle repose désormais.

Françoise Alric

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