Georges Soutiras nous a quittés en août 1990 aussi soudainement qu’un autre sociétaire de la SAM, Jean Hugon, et presque en même temps que son ami de toujours, Yves Brayer.
Né à Toulouse en 1906, il entre aux Beaux-Arts en 1923. Ayant obtenu ses diplômes d’architecte d’intérieur, il travaille de 1927 à 1930 chez le décorateur de renommée internationale – et sociétaire des Méridionaux – André Arbus.
En 1932, il devient maître-ébéniste et architecte décorateur : il conçoit et réalise lui-même des meubles d’une grande virtuosité technique. Cette année-là, il reçoit une commande pour L’Union latine à Rome.
Ses créations lui vaudront d’être choisi pour réaliser la décoration et l’ameublement du pavillon Pyrénées-Languedoc à l’Exposition internationale de Paris en 1937.
En 1938, il obtient une médaille d’or à l’Exposition internationale de Berlin pour un très beau meuble “en ébène et maroquin du Cap, dorures au fer“.
La galerie qu’il ouvre 5 place Saint-Étienne à Toulouse, en 1940, consacre sa réussite.
L’année 1943 verra Soutiras au Salon d’automne de Paris avec une commode en ébène et parchemin. Ce meuble a les honneurs de la revue Beaux-Arts, et fait l’objet d’une proposition d’achat de la Ville de Paris.
Il présente au Salon d’automne de 1950 un meuble à bijoux qui est retenu et exposé par la suite chez Christofle Orfèvre, rue de la Paix à Paris. Remarqué par le décorateur Jacques Quinet (rue Fortuny à Paris), il crée et exécute le mobilier du paquebot Le Bourbonnais.
Soutiras revendiqua toujours la conception, mais aussi la réalisation de ses meubles. En tant que théoricien tout comme praticien, il sera novateur sans toutefois rompre avec la tradition. À ses débuts, son mobilier s’inspire du XVIIIe siècle, mais il en simplifie la matière et la couleur. Il privilégie l’emploi des bois précieux et de l’écaille, du galuchat et du parchemin ou du maroquin du Cap afin de gainer ses meubles. Les bronzes, sculptés parfois par son ami Joseph Monin (autre sociétaire de la SAM), animent les surfaces et actualisent le raffinement et l’élégance de ses créations.
Dans les années 70, un important tournant se dessine dans sa carrière lorsqu’il aborde sous un autre angle le travail du bois : il sera sculpteur-animalier. Ses œuvres sont exposées jusqu’aux États-Unis. En 1982, il participe à nouveau au Salon d’automne et devient sociétaire perpétuel de la Fondation Taylor de Paris (association d’artistes plasticiens).
Dès 1932, Soutiras expose aux Salons des Méridionaux. Il sera nommé sociétaire de la SAM en 1939. En tant qu’ébéniste-décorateur, il y présente des meubles et des sièges, et plus tard, à travers sa nouvelle forme d’expression, des sculptures d’animaux et surtout d’oiseaux en bois précieux vernis au tampon, merveilleusement stylisés qui sont le reflet de sa sensibilité. Son exceptionnelle économie de la ligne donne une pureté magique à ses animaux qui attirent le regard et la main.
Ce sont ces meubles, ces sculptures, son dernier faucon naissant à peine de sa gangue de bois dans son atelier de Carbonne qui retiendront pour toujours le souvenir de cet artiste d’envergure internationale.
Françoise ALRIC