Maurice Mélat est né le 24 mai 1910 à Epernay, en Champagne, de parents commerçants. Il entre à l’école des Beaux-Arts de Reims puis, de 1927 à 1932, suit à Paris les cours de l’Éducation Nationale des Arts Décoratifs chez Legueult et Corlin. En 1931, il obtient le Prix d’Atelier et ses diplômes au Professorat de Dessin.
Parallèlement, il étudie la musique. Violoniste dès l’âge de 10 ans, élève de Robert Krettly, plus tard ami d’Arthur Honegger dont il fait le portrait (Fondation Honegger-Suisse), il ne cessera de pratiquer et de se perfectionner dans cet Art.
Sa formation musicale est on ne peut plus sérieuse, mais il lui faut choisir. La vie a ses exigences… Sa nomination en 1934 comme professeur de dessin au Lycée Pierre-de-Fermat va faire du champenois Mélat un de ‘ces Toulousains qui font Toulouse'.
A son arrivée, Maurice Mélat fait partie de l’orchestre de la Société Charles Bordes ou, en 1935, Arthur Honegger dirige son Oratorio 'le Roi David'.
Par ailleurs, ses activités d’enseignant ne se limitent pas au lycée ; il fonde en 1945 à l’école des Beaux-Arts, l’Atelier Supérieur de Préparation au Diplôme d’état du professorat de Dessin, atelier qu’il anime jusqu’en 1973.
Depuis ce moment, tout au long de sa carrière picturale, l’on va retrouver le corps de la femme qu’il célèbre au travers de poses à la fois audacieuses et élégantes, où les visages aux regards volontairement lointains et absents leur confèrent cette abstraction ardemment recherchée.
Les commandes affluent : portraits pour les collectionneurs privés, peintures murales pour les bâtiments publics comme la salle Audouy, commande de l’état au Palais Consulaire, ‘portraits Collectifs’ des membres de la Chambre de Commerce de Toulouse, toile dont le transport nécessite, auprès de Paul Mesplé, conservateur du musée des Augustins, l’emprunt du ‘rouleau’ de Dominique Ingres et déplace ses multiples éléments de châssis en un véritable ‘monôme’ à travers la ville.
Toujours à l’instar du Maitre montalbanais, Maurice Mélat continue à partager son temps entre ses brosses et son archet. Tout naturellement, lorsque ses nombreuse expositions personnelles (Toulouse, Paris, Monaco, Epernay, Vallauris, Epinal…) lui en laissent le temps, il travaille pour la Compagnie du Grenier de Toulouse avec Maurice Sarrasin, Simone Turk et Daniel Sorano, en produisant des décors, costumes, peintures ; maquettes et plans pour vingt œuvres du répertoire. Cette collaboration à la très remarquable aventure du Grenier va durer de 1945 à 1964. Pour ce dernier, il écrit aussi des musiques de scène mêlant ainsi, de la façon la plus harmonieuse qui soit, ses deux formations – musicale et picturale – qui se complètent avec le plus grand bonheur.
En 1941, le Lyrique fait appel à son talent ; il participe dès lors, et ce jusqu’en 1980 avec Werther, à la réalisation de trente Œuvres pour le Théâtre du Capitole (Opéras, Ballets, reprises et créations mondiales).
Le premier ‘décor construit’ voit le jour cette même année pour Œdipe-Roi, ce qui représente, à l’époque, une révolution dans le milieu théâtral.
En 1957, Maurice Mélat entreprend la première réalisation complète des décors et des costumes dans les Ateliers Municipaux de Toulouse, Pénélope de Gabriel Fauré, qui reste dans toutes les mémoires, en est la première illustration, suivie en 1958 du Roi David.
Compte tenu de l’importance de l’œuvre, il ne reste, hélas, que peu de traces de ces années historiques du Théâtre à Toulouse.
Les esquisses, maquettes et études préparatoires ont été trop rarement conservées par l’artiste. La partie de ces réalisations qui se trouvait dans l’ancien local occupé par la troupe du Grenier de Toulouse, rue Coupefer, a été détruite presque entièrement par l’incendie du 21 octobre 1970.
Cependant, certains de ces travaux préliminaires qui illustrent les recherches faites par Maurice Mélat ont pu être sauvegardés et ont été présentés au musée Goya de Castres. D’autres seront exposés au musée Paul Dupuy à Toulouse.
A coté de ses dessins, ses gouaches, ses huiles, nous trouvons aussi des tapisseries qui témoignent d’un autre volet de son Art. Esprit curieux et créatif, il conçoit pour Aubusson de nombreux cartons pour les tapisseries qui ornent bâtiments publics et collections privées.
On le retrouve donc, de 1962 à 1981, aux côtés de Marc Saint-Saëns et de Lurçat, artisans du renouveau de la tapisserie en France.
Pédagogue généreux et enthousiaste, musicien exigeant dans sa pratique comme au premier jour, scénographe au rôle prépondérant dans l’essor du théâtre toulousain, cartonnier, peintre et dessinateur exposant régulièrement au Salon de la SAM dont il est le Président de 1966 à 1984, les nombreuses facettes de cet artiste raffiné et talentueux ne doivent pas nous cacher l’être délicieux qu’il était. Mais encore homme multiple, il a fait sienne la devise ‘mens sana in corpore sano’ puisqu’il fut aussi un alpiniste émérite, gravissant le Cervin à l’âge de 60 ans.Le prix Clémence Isaure qui lui fut décerné le 4 novembre 1991 par l’Académie du Languedoc ainsi que la Médaille d’or de la Ville de Toulouse remise le 25 mai 2000 par Dominique Baudis vinrent justement récompenser la qualité et l’étendue de l’œuvre de cet artiste riche et éclectique, intègre et désintéressé, qui est pour nous un exemple. Ces distinctions honorent un ‘honnête homme’ du XXe siècle qui a tant apporté au patrimoine artistique de sa Ville et de sa Région.
Maurice Mélat nous a quitté le 29 janvier 2001.