la Société des Artistes Méridionaux était constituée d’architectes, de plasticiens et d’artisans d’art qui eurent l’idée de se grouper afin de défendre leur travail auprès des institutions, de se faire connaître auprès du public et de fonder une école de style méridional.
Ces artistes collaboraient souvent à des réalisations communes, de l’architecture à la décoration et jusqu’au mobilier.
Ils réalisèrent un grand nombre d’œuvres importantes que l’on peut voir aujourd’hui dans divers lieux de la ville et de la région. Ils exposèrent aussi dans des Salons qui connurent vite un très grand succès pendant une soixantaine d’années.
Mais, à Toulouse comme partout en France après une longue période faste, l’intérêt du public pour ce genre d’exposition faiblit quelque peu.
En 1978, un autre groupe d’artistes toulousains, dont certains appartenant à cette Société, eut l’idée de relancer les Salons des Artistes Méridionaux. Pour cela, avec persévérance, ils en rénovèrent l’organisation et donnèrent un nouvel élan à ces manifestations en recrutant plus largement les exposants, en proposant des thèmes, en limitant le nombre de sociétaires. Ils en renouvelèrent ainsi, tous les ans, l’aspect général et donnèrent aux jeunes générations la possibilité d’exposer à moindre frais dans de très bonnes conditions.
Depuis ses débuts, la SAM a changé. Les Arts Décoratifs ont disparus. Actuellement, dans ce domaine, la production industrielle a favorisé le commerce au détriment de la recherche artistique. L’ornement de la maison s’est réduit à la portion congrue. Sur nos cimaises, seuls les peintres et les sculpteurs sont donc restés presque exclusivement. Ceux-ci ne travaillant que rarement sur des projets communs, l’idée d’école a laissé place à l’individualisme qui est une des caractéristiques de l’art contemporain.
Aujourd’hui, donc, les Salons des Méridionaux ne cherchent pas à prôner un courant artistique défini. Au contraire, ils veulent montrer la grande diversité qui prédomine dans le domaine de l’image. Les différences des tendances que nous y rencontrons de plus en plus sont accentuées par l’utilisation de nouveaux moyens d’expression. D’une part, l’emploi des techniques traditionnelles s’est enrichi; d’autre part au cours du XXe siècle la photographie, puis le cinéma et la télévision, ont pris une place prépondérante. Enfin le numérique, qui n’en est qu’à ses débuts, fait sa révolution. Il consacre définitivement l’image, sous toutes ses formes, comme support privilégié et multiple de la création artistique universelle.
Ces acquis, ajoutés aux exemples des grands maîtres de l’art moderne et contemporain, ont fait évoluer notre groupe.
Comme partout dans le monde entier, le plasticien toulousain a su garder sa liberté d’expression. N’ayant plus à se plier à la contrainte sclérosante d’une école et la critique ayant perdu de son importance, il est devenu un créateur libre, ne répondant plus qu’à sa propre inspiration. Cela constitue le résultat le plus bénéfique de l’évolution de l’art moderne.
Mais le statut de l’artiste, lui, n’a guère changé depuis 100 ans…
Comme en 1905,les décideurs et les acheteurs vont chercher ailleurs, souvent bien loin, ce qu’ils ont à leur porte… Faute de se voir considéré à sa juste valeur dans sa propre ville, dans sa propre région, de trouver même des salles d’exposition financièrement à sa portée, l’artiste méridional a toujours autant de mal à se faire connaître de ses concitoyens et, bien souvent, il est obligé de s’expatrier s’il veut survivre.
C’est la raison pour laquelle la Société des Artistes Méridionaux, tout en conservant l’esprit qui l’animait dès 1905, doit demeurer un groupe solide afin de continuer à défendre des artistes régionaux. Comme autrefois, les différences d’âges, de tempéraments, de convictions personnelles et de techniques, toutes ces disparités apparentes ne doivent pas nous séparer mais, en créant une véritable émulation, servir l’expérience de chacun.
Cet état d’esprit a fonctionné pendant un siècle…
Alors on continue !