Ne lui cherchez pas trop de références : Robert Lavabre était d’abord un peintre inclassable. Il définissait son Art comme non figuratif. Ce qui l’intéressait ? le fait pictural, le tableau pour le tableau, et ses gouaches sont autant d’espaces dégagés de l’observation du réel.
Autodidacte, Robert Lavabre a fait vibrer sa palette dans la mouvance post-cubiste, encouragé par Albert Gleizes. Il a abandonné ses pinceaux pendant vingt ans pour se consacrer à sa famille. Mais les Artistes Méridionaux ne l’avaient pas oublié et ils l’ont persuadé de se remettre au travail au début des années ‘80’.
Rythmes, cadences, mouvements, ponctuations … Les gouaches de Lavabre traduisent des pulsions, des états d’âme. Avec une exigence de plus en plus acérée, il cherchait à construire un espace pictural propre, à en assurer la structure dynamique par une suite de plans détachés, enveloppés de gestes larges, onctueux.
Le peintre utilisait une palette équilibrée et intime de tons subtils glissant progressivement vers des contrastes secrets. Sa touche, exempte de toute arrogance expressive, se pliait à la présence d’un lyrisme personnel parfaitement retenu.
Lavabre se démarquait de tout formalisme, réfutait l’anecdote pour développer une peinture de l’intérieur. En la lisant de près, on y découvre d’étonnants équilibres, des espaces scandés en demi-teintes ou encore des signes qui tirent leur dynamique du mouvement qui est contenu, mouvement devenu tension. C’est pourquoi elle ne laisse pas indifférent. Comment s’étonner, alors, que la spontanéitéde Robert Lavabre, qui en faisait un être attachant, nous manque tant ?...
Robert Lavabre était trésorier de la SAM lorsqu’il nous a quittés, le 11 octobre 1988.