Le thème choisi cette année, « Effets de serre », s’inscrit dans la réflexion actuelle sur un phénomène observé, mesuré, commenté, controversé… mais qui reste encore largement abstrait.
Pourquoi les artistes ne se joindraient-ils pas aux scientifiques, aux écologistes, aux journalistes ?
Avec des techniques classiques (peintures, gravures, sculptures) ou revisitées (photos imprimées, plastique fondu, encaustique, vitrail), quatre-vingt-trois créateurs illustrent la pollution qui efface les paysages, jetant son voile de fumées fuligineuses, saturant les ciels calcinés de couleurs sombres, rougeoyantes.
La canicule fait fondre la glace, le métal, les immeubles eux-mêmes ! Les conférences sur le climat ne sont évoquées que sur le mode ironique ou sceptique.
Cependant, certains artistes ont vu les versants positifs du thème : les serres et leur architecture complexe, l’exubérance des fleurs, la magnificence de leurs couleurs, la vigueur de la végétation.
D’autres ont dépeint les serres des oiseaux de proie ou, d’une manière métaphorique, les corps « enserrés » par les corsets. Les plus optimistes préfèrent donner au « réchauffement » un sens affectif, voire érotique et même humoristique, leur imagination n’ayant pas pu résister aux jeux de mots.
Miroir de la société, les artistes sont dans leur rôle lorsqu’ils dénoncent un avenir menacé. Mais ils le font d’une manière fortement colorée ou ironique qui laisse une impression d’énergie et de puissance.
En des oeuvres méditées qui sont, à leur manière, des « fleurs du mal », les artistes de ce 82e Salon poussent un cri d’alarme tout en tendant de toutes leurs forces vers une espérance à laquelle ils ne veulent pas renoncer.